Aimons Saint-Gratien en val d'oise

Patrimoine Visible

Le marbre de droite recouvrait la tombe du maréchal sur lequel est gravée l’épitaphe suivante: D.O.M. Ci-gît Très haut et puissant seigneur Messire Nicolas de Catinat, Maréchal de France, général des Armées du roi, ci-devant gouverneur Des villes citadelle et pays de Luxembourg ; lequel, après avoir Dignement rempli, pendant cin- Quante-deux années qu’il a servi, Les grands emplois dont il a été Honoré par sa majesté et a été Obligé, par ses infirmités, de se Retirer à son château de Saint- Gratien, où il est décédé, et a été Inhumé, le 22 février 1712, Agé de 74 ans et 2 mois. Requiescat in pace Les trois lettres D.O.M. signifiant Deo Optimo Maximo signifiant « à Dieu très bon, très grand ». Sur cette plaque, un seul mot a été gratté : celui de roi
Le marbre de gauche recouvrait la tombe de Marie-Renée de Catinat, petite nièce du maréchal. L'épitaphe est plus martelée que la précédente. Il est gravé: D.O.M. Ci-gît Très-haute et très-puissante dame, Madame Marie-Renée de Catinat, Dame de Saint-Gratien, veuve en Premières noces de messire, Jacques-Antoine de Saint Simon,* Marquis de Courtomer, et En secondes noces de messire Guillaume de Lamoignon de Montrevault, conseiller du Roi en tous ses conseils, et Président honoraire de sa Cour de parlement, décédée En son château de Saint-Gratien, Le 19 novembre 1779, âgée De 78 ans. Requiescat in pace

La sépulture du maréchal Catinat

Dans la chapelle du Sacré Cœur se trouvent, scellés au mur, deux plaques de marbre noir, vestiges des premiers tombeaux de Marie-Renée Catinat et du maréchal Nicolas de Catinat. Elles furent mutilées lors de la révolution, en 1793 alors que les restes des défunts étaient abandonnés là après que leurs cercueils en plomb aient été récupérés pour faire des balles. En hauteur, une table de marbre blanc, appartenant au monument funéraire du maréchal est également visible. Tous ces éléments étaient alors dans la chapelle de saint Jacques le Majeur de l'ancienne église. M. Mignon, instituteur, raconte dans sa monographie de Saint-Gratien en 1899 l'épisode révolutionnaire, mais aussi comment les restes du maréchal et de sa petite nièce furent retrouvés grâce à un témoin de la scène : Lors de la Révolution de 1789 en 1793 les deux cercueils de plomb de Nicolas Catinat et de sa nièce Marie-Renée (inhumés dans l'église de Saint-Gratien) furent ouverts et retournés. On emporta le plomb dont on se servit pour faire des balles. Les ossements furent rejetés dans la fosse ouverte. Mais un admirateur du Maréchal, par respect pour le grand homme, plaça le squelette dans une encoignure de la fosse et lui fit prendre une attitude particulière, en disposant les bras en croix. Un gamin de 13 ans, un nommé Denise, surnommé plus tard le Père Tambour, assistait à cette violation de sépulture et comme il s'avançait trop près du tombeau, un des conventionnels, par malice, le fit tomber dans la fosse. Grande fut sa frayeur en présence du squelette ainsi placé. En 1860, quand on démolit la vieille église après avoir édifié celle qui existe aujourd'hui, M. Terré, Maire, fit pratiquer des fouilles et grâce au Père Tambour on retrouva le squelette comme il l'avait vu en 1793. Le Maréchal de Catinat est inhumé dans la nouvelle église.
L'élément central, en hauteur, au-dessus du sarcophage, est un vestige du mausolée élevé dans l'ancienne église par le sculpteur Simon Hurtrelle (1648-1724). L'épitaphe qu'il est peut-être aujourd'hui difficile de déchiffrer avait été composée par le père Noël-Etienne Sanadon (1676-1733) : D. IM. S. Hic jacet Nicolaus Catinatus, Gallioe Polemarchus ; Avitam Themidem deseruit ; imo castris intulit. Militiam à victoriis exorsus , triumphis omnem transegit Hostem, alienis inhiantem , spoliavit propriis. Quantus bello fuerit , testis Staffardia , testis Marsalia. Allobroges subegit ; Insubres repressit. Non sibi , sed patrioe vicit ;nec plus vicit , quam illa voluit. Aulicas artes valere jussit ; Quùm et aptare se illis nollet, ; et illas sibi non posset. Vixit, ut solent sapientissimi ; Ut christiani heroes debent, mortuus est , Ann. Oet. 74. Ann. Chr. 1712, 22 febr. Hoeredet ex esse L. et P. Catinati , R. et A. Pucellii , Hi avunculo , illi patruo moerentes. P. P. S. Hurtrel fecit. En voici la traduction française proposée dans le tome III des Mémoires et Correspondance du Maréchal de Catinat par Bernard Le Bouyer de Saint-Gervais (septembre 1819): Ci-gît Nicolas Catinat, maréchal de France ; Il quitta les drapeaux de Thémis que ses pères avaient suivis ; Que dis-je ? Il les porta dans les camps. Son apprentissage dans le métier des armes ne fut Que des victoires ; Et son avancement ne fut marqué Que par des triomphes. Il dépouilla de ses possessions , L'ennemi qui voulait envahir celles de ses voisins. Staffarde et Marsaille disent assez ce qu'il fut dans la guerre. Il soumit la Savoie ; il dompta les Milanais. Sa propre gloire ne fut jamais l'objet de ses succès , Mais la gloire de la patrie. Et , dès que la patrie cessa de l'exiger , Il cessa de vaincre. Il méprisa l'art du courtisan , Ne voulant pas se plier à son manège , Et ne pouvant pas le faire plier à son génie. Il vécut comme les sages ont coutume de vivre ; Et il mourut comme doivent mourir les héros chrétiens, Ce fut Dans la 74e année de son âge , l'an 1712 , le 22 février. Ses héritiers, Louis et Pierre Catinat , ses neveux paternels , René et Omer Pucelle , ses neveux maternels , Ont élevé à leur oncle ce monument de leurs regrets. S. Hurtrel l'a fait. Selon le livre Nouvelle Description des Environs de Paris par Jacques Antoine Dulaure (seconde édition – 1787), les deux tombes étaient placées dans une chapelle, à gauche du chœur. Au dessus d'un sarcophage de marbre noir se trouvaient représentées les figures de la religion et d'un génie. La religion tenait un médaillon, sur lequel était sculpté, en bas-relief, le buste de Catinat. Les ornements étaient en bronze. Plus bas, sur une table de marbre blanc, accompagné de deux génies en pleurs, était gravé l'épitaphe à la louange du Maréchal. Comme nous l'avons dit plus haut, les pierres furent mutilées à la révolution, la bière en plomb fut envoyée à la fonte, et les ossements jetés dans la fosse. Ils n'en furent exhumés que bien plus tard pour être déposés dans l'actuel sarcophage (le 25 juin 1860).
L’ancienne église ayant été démolie et les ossements du maréchal et de sa nièce ayant été retrouvés, le comte Alfred Emilien de Nieuwerkerke (1811-1892) sculpta à la demande de la princesse le sarcophage actuel afin qu’il puisse les recevoir. Une petite plaque de marbre noir disposée sous la dalle funéraire de Marie-Renée de Catinat indique que les « restes mortris ont été réunis » le 25 juin 1860. L’inauguration du monument eut lieu le 6 septembre 1860 (source Le comte de Nieuwerkerke - Art et pouvoir sous Napoléon III). En marbre du XIXème siècle, la statue fut classée le 16 juin 1911. Elle surplombe le sarcophage en marbre du XVIIIème siècle, classé le 12 août 1902.
Le sarcophage, avant et après (en bas) restauration.