Aimons Saint-Gratien en val d'oise

Les personnages

Famille Hayem

Simon Hayem en 1875, par Jules Bastien-Lepage (1828-1891). Musée municipal d'Hazebrouck.

Simon Hayem

Simon Hayem est né à Verdun le 29 décembre 1811, son père s’appelait Hayem Isaac et sa mère Sara Oulmann. Son grand-père, Abraham Isaac s’était marié 4 fois, sa grand-mère, la troisième épouse, se nommait Esther Lévy. On retrouve de nombreux médecins parmi les ancêtres de Simon. L’un d’entre eux, Isaïe Cervus Ulmann, aurait sauvé d’une dysenterie le roi Louis XV, à Metz en 1744, lors de la guerre de succession de Pologne.

Le mariage de Simon, le 27 mars 1838, est mentionné dans les relevés de la synagogue de la rue Notre-Dame-de-Nazareth (Paris 3e). Il est alors désigné comme Simon Isaac dit Hayem. Plus tard, il ne conservera plus que le nom d’Hayem en reprenant comme patronyme le prénom de son père. Celui-ci est fabricant de cols à Paris au moment du mariage de son fils, et c’est cette industrie, élargie à la fabrication de chemises et de cravates, qui fera la fortune de la famille Hayem venue s’installer dans la capitale vers 1820. Avec Flora Abraham, Simon eut 6 enfants : cinq garçons et une fille.

Ni aristocrate, ni grand bourgeois, Simon Hayem est cependant une personnalité connue de la capitale où il poursuit l’activité de son père. D’abord au 10 place des Victoires, le siège s’implante ensuite rue du Sentier à l’enseigne du « Phénix » et également 145 boulevard Voltaire. On trouve trace d’une succursale à Lyon et d’une manufacture à Romorantin où des ateliers de chemiserie employaient près d’un millier de femmes en 1900.

Dès l’exposition universelle de Londres de 1851, la qualité de production de cette manufacture est louée. Au fil des ans, les médailles s’accumulent. En 1873, à l’exposition de Vienne, son action sociale en faveur de ses ouvrières est soulignée : celles de moins de seize ans doivent suivre des cours de lecture, écriture, orthographe, histoire et géographie. Plus tard, ses manufactures disposeront de crèches.
Simon Hayem habite à Paris, au 63, avenue de Villiers. A Saint-Gratien, la famille Hayem possède une villa de campagne au 19, avenue de Soisy (aujourd’hui avenue Danielle Casanova). L’un des fils, Armand, a bientôt une autre propriété dans la région, à Montlignon. C’est aujourd’hui la maison de retraite des artistes français – fondation Armand Hayem.

Le passage de Simon Hayem en tant que maire de Saint-Gratien a laissé un souvenir de rigueur et de générosité. Il présida ainsi aux destinées de notre commune de 1878 à 1884, puis de 1888 à 1895, date de sa mort. C’était un homme très pieux. Il fonda la communauté israélite d’Enghien qu’il présida jusqu’à sa mort. Il créa la Caisse des écoles et ses administrés lui rendirent hommage en 1904, en donnant son nom à une rue créée dans l’ancien Parc de la Princesse Mathilde.

Il est enterré avec son épouse au cimetière de Montmartre.

Simon Hayem en 1888, par Fernand Cormon (1845-1924). Hôtel de Ville de Saint-Gratien.
(source ASGVO)

Charles Emile Hayem

Charles Emile Hayem est né à Paris en 1839. Pour les généalogistes, c’est le personnage le plus mystérieux de la fratrie. Il est surtout connu comme grand collectionneur d’art et mécène. Chaque jeudi, il ouvrait au public sa collection privée d’œuvres de Gustave Moreau. En 1866, il épouse Amélie Franck, la fille du célèbre philosophe Adolphe Franck. Le couple habite ensuite au 84 boulevard Malesherbes tout en séjournant aussi dans la maison de Saint-Gratien. Charles Emile y a été conseiller municipal de 1892 à 1896.

Charles Emile était l’ami et le protecteur de Jules Barbey d’Aurevilly (1808-1889) qui l’avait surnommé le gourmet intellectuel. Ce dernier venait régulièrement à Saint-Gratien lorsque Simon Hayem y organisait des réceptions. Il existe au Getty Museum de Los Angeles un croquis d’Edgar Degas représentant Amélie, épouse de Charles, avec Barbey d’Aurevilly et Adolphe Franck dans son salon qui jouait un rôle important dans la vie culturelle parisienne.

En 1898, il fait don de sa collection au Musée du Luxembourg. Aujourd’hui 46 de ses tableaux sont affectés au musée d’Orsay.

Notre commune a aussi bénéficié de ses largesses. C’est lui qui offrit à la Mairie, en 1899, le tableau d’Auguste Truphème (1836-1898) intitulé Le cours de dessin. A l’église, il fit don de celui d’Andrea Vaccaro (1604-1670) : la Sainte Famille.

Un portrait de Charles Emile, peint par Jules Emile Delaunay, se trouve actuellement au musée d’Orsay.

Charles Hayem est décédé en 1902 sans postérité.

Maison de retraite des artistes français à Montlignon (fondation Armand Hayem) - photographie de presse / Agence Rol - 1908.