Aimons Saint-Gratien en val d'oise

Les personnages

Portrait d'Adam-Philippe de Custine (1740-1793), général en chef de l'Armée du Rhin en 1792 (par Joseph-Désiré Court)
Le marquis de Custine

Astolphe de Custine

Astolphe de Custine naît pendant la révolution française, le 18 mars 1790, au château familial de Niderviller (Lorraine). Issu d’une riche famille aristocratique, il est le petit fils du général Adam Philippe de Custine qui a commandé l’armée du Nord en 1793 et fut guillotiné par les Jacobins le 23 août 1793. Son père subira le même sort le 3 janvier 1794 pour complicité avec les Girondins. Sa mère Delphine, arrêtée elle aussi pendant la révolution, est libérée après 5 ans d’emprisonnement.

Astolphe est très tôt attiré par la littérature. Il est influencé par Chateaubriand. Sur l’insistance de sa mère, il se marie en 1821 avec Léontine de Saint-Simon Courtemer. Celle-ci meurt en 1823 alors que leur fils, Enguerrand, n’a que 13 mois. Il succombera 4 ans plus tard à la suite d’une méningite. Le destin s’acharne sur Astolphe; sa mère décède à son tour en 1827.

Désireux de changer le décor de sa vie, il vend le domaine familial de Fervaques (Calvados) en 1728 et ne garde que la chapelle de Saint-Aubin d’Auquainville dans laquelle est entérrée sa mère. Il achète une maison à Paris et une autre, moitié villa, moitié château, à la campagne, à Saint-Gratien.

Auteur de romans et de pièces de théâtre, son seul vrai succès littéraire est La Russie en 1839, écrit au retour de l’un de ses nombreux voyages. Il s’agit d’une réflexion lucide d’un aristocrate libéral et moraliste.

Personnage hors norme, il se tient à l’écart des milieux aristocratiques et mondains, préférant le monde des arts et des lettres. Homosexuel, il est le premier membre de la haute société française à vivre ouvertement avec un autre homme. Marié pendant une courte période, il maintient les apparences d’une vie de couple normale alors que son ami Edward Sainte-Barbe (1794-1858) loge déjà chez lui. A compter du décès de sa femme, ce dernier partagera la vie d’Astolphe pendant 35 ans, jusqu’à sa mort, avant d’hériter de sa fortune.

Entre 1832 et 1857, la réputation de mécène du marquis fait défiler chez lui le Tout-Paris artistique : peintres, musiciens et surtout écrivains. Après avoir fréquenté les réceptions fastueuses de l’hôtel de la rue de la Roche Foucault, Stendhal, Honoré de Balzac, Chopin, Georges Sand, Victor Hugo, Heine et Barbey d’Aurevilly le rejoignent maintenant lors de soirées plus intimes au château de Saint-Gratien.

Il décède le 25 septembre 1857 à Saint-Gratien. Il est ensuite entérré, auprès de sa mère, dans la chapelle de Saint-Aubin.

Alors que les habitants du village proclament à l’envi les vertus de Catinat, il n’en est pas de même pour le marquis et ses héritiers : Notre plume se refuse à décrire les moeurs de ces tristes personnages écrira M. Mignon, instituteur au XIXe siècle. A l’époque où l’instituteur écrit ces lignes, l’homosexualité est encore un sujet tabou. Elle explique peut-être le peu d’interet apporté au personnage au contrario du maréchal de Catinat et de la princesse Mathilde.

Extrait d'un plan de la commune de Saint-Gratien datant du XIXe siècle (source Bibliothèque Nationale de France). On y voit le canal creusé par Astolphe de Custine en décembre 1840. Le château dont on croyait avoir perdu l'emplacement exact semble très proche du centre du village de l'époque.