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Le 20ème numéro de notre revue Saint-Gratien en V.O. est paru. Il est disponible à...
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Bannière visible dans l'église de Saint-Gratien (Somme) Reliquaire contenant le crâne de Saint-Gratien (église de Saint-Gratien, dans la Somme) |
Selon l'hagiographie du diocèse d'Amiens (document en accès restreint - réservé aux personnes enregistrées), c'est uniquement par la tradition que nous savons que Gratien fut berger, ou du moins qu'il en remplit les fonctions. Né à Rome, au IIIème siècle, la légende en fait un sénateur. Converti au catholicisme, il quitte sa famille et ses biens pour évangéliser la Gaule alors occupée par ses compatriotes. Il se fixe dans un petit village de la Somme, près d'Amiens. Pour s'intégrer à la population afin de mieux lui faire partager sa foi, il se fait berger. A l'époque des persécutions, un chef romain : Rictovaire, le martyrise pour qu'il renie sa foi. Devant son refus, on lui tranche la tête en l'an 303. Son corps est enterré au village.
Au sein de la Seigneurie de Montmorency, le passage des reliques marque fortement l'esprit des habitants du petit village de Gailleville. Ils décident de désigner leur cure du nom du martyr. On raconte qu'un bras du Saint resta dans la commune. 700 ans plus tard, en 1770, alors que le corps était toujours à Coulombs, sa tête fut rapportée dans la Somme. A la révolution la chasse d'argent fut transportée à Paris. Elle fut sauvée par un employé de la Monnaie et revint à l'Archevêché après la tourmente. En 1830, au sac de l'Archevêché, les précieuses reliques furent jetées dans la Seine. En 1890 le curé de Saint-Gratien (Val d'Oise) transmit à l'Évêché d'Amiens, par l'intermédiaire de l'Évêque de Versailles, une demande pour obtenir un morceau de la relique. Celle-ci parvint à notre paroisse, le 10 novembre 1890. |
Reliquaire contenant un petit morceau du crâne de Saint-Gratien (église de Saint-Gratien dans le Val d'Oise) |
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Dans le Perche, au XIVe siècle, la famille de Catinat, noblesse de robe, assume les principales charges de la magistrature. Pierre II de Catinat est, comme son père, conseiller au Parlement de Paris. Le 8 janvier 1621, il épouse Catherine-Françoise Poisle, fille de Jacques Poisle, seigneur de Saint-Gratien. Ils auront seize enfants. Nicolas de Catinat, le onzième d'entre eux, naît à Paris le 1er septembre 1637. Il porte d'abord le titre de seigneur de la Fauconnerie, du nom d'une terre que sa famille possède vers Mortagne-au-Perche (Orne). Il commence une carrière d'avocat mais est découragé par la perte d'une cause qu'il croyait juste. Il quitte le barreau en 1660 et entre dans l'armée avec le grade de cornette (sous-lieutenant) au régiment de Monsieur de Fourille. En 1667, lors de la guerre de Dévolution, il participe aux sièges de Tournai, Douai et Lille. Louis XIV remarque sa bravoure et lui fait donner une lieutenance dans la compagnie de Cauvisson, au régiment des Gardes Françaises. A Lille, son frère aîné est mortellement blessé sur le champ de bataille ; Nicolas devient seigneur de Saint-Gratien. La paix signée à Aix-la-Chapelle, il revient à Paris. Peu enclin aux mondanités, il partage son temps entre son château de Saint-Gratien et l'Hôtel de Vitry, rue des Minimes à Paris. Sous les ordres de Turenne, Catinat, capitaine aux hardes, se distingue en 1672 durant la guerre de Hollande. Il est blessé en 1673 au siège de Maestricht. A peine remis sur pieds, il prend part à la campagne de Franche-Comté. Dans son éloge du Maréchal Catinat, Antoine-Léonard Thomas le décrit parlant familièrement aux paysans, entrant dans les détails de leurs intérêts, apaisant leurs différents et encourageant leurs jeux. De son côté, Marc René Sahuguet d'Espagnac le montre entrant dans les chaumières, ouvrant les huches de pain et, si elles étaient vides, demande à son serviteur, Vincent, de les remplir. Nicolas administre soigneusement ses terres et veille au bien-être des paysans qui les cultivent. Dans la cour de son château, sous un marronnier, il leur sert de conseiller et d'arbitre. Il offre des prix aux jeunes gens lors des fêtes du village. Ses goûts restent bucoliques. Il soigne lui-même ses arbres fruitiers et fait de longues promenades à pied dans les environs. Loin de la cour, il refuse diverses distinctions. Lorsque Louis XIV sollicite son avis ; il indique toujours qu'il ne le donne qu'en tant que simple citoyen. La tradition veut qu'en 1710, un petit cèdre du Liban, rapporté par Jussieu, ait été offert à Catinat de la part de Louis XIV. Sur le site de l'association Valmorency on retrouve des extraits d'un livre du Marquis de Créquy (1737-1801) : Vie de Nicolas de Catinat (1774). On y apprend qu'à la fin de sa vie, le maréchal passait à Saint-Gratien la plus grande partie de son temps à réfléchir. Cet état lui était si agréable, qu'il se promenait toujours seul et que chacun évitait avec soin de le rencontrer et de le troubler dans ses réflexions. « Nous ne passions pas un jour sans le voir, écrivait madame de Coulanges, je le trouve seul au bout d'une de nos allées ; il y est sans épée. Il semble qu'il ne croit pas en avoir jamais porté ». Cette simplicité produisit encore une méprise singulière, dont le souvenir s'est conservé, même jusqu'aujourd'hui, parmi les paysans de Saint-Gratien. Un jeune bourgeois de Paris, passant auprès de Saint-Gratien, aperçut le maréchal et lui cria, sans ôter son chapeau : « Bonhomme, je ne fais à qui appartient cette terre et je n'ai point permission d'y chasser : cependant, je vais me la donner ». Le maréchal l'écouta chapeau bas, et continua sa promenade. Le jeune homme voyant rire des paysans, qui travaillaient dans la campagne, leur en demanda le sujet. Ces bonnes gens lui répondirent : « Nous rions de votre insolence, de parler ainsi à monseigneur. S'il avait dit un mot, nous vous aurions battu ». Le bourgeois confus courut après le maréchal, lui demanda pardon, et l'assura qu'il ne le connaissait pas : « Il n'est pas nécessaire, lui répondit-il, de connaître quelqu'un pour lui ôter son chapeau. Mais biffons cela et venez souper avec moi », ce que le jeune homme n'osa point accepter. » Le maréchal s'éteint le 22 février 1712, entouré de sa famille et de son confesseur. Il est inhumé le 26 février dans l'ancienne église du village, dans la chapelle du côté gauche, dite de Saint Jacques. Plus tard, sa petite nièce Marie Renée Catinat, décédée le 19 novembre 1779 à l'age de 78 ans, sera couchée à coté de lui. Lors de la révolution, en 1793, les cercueils sont ouverts et retournés. Le plomb qui les entoure est emporté pour faire des balles et les ossements rejetés dans la fosse ouverte. La tradition populaire ajoute qu'un admirateur, par respect pour le grand homme, plaçe le squelette dans une encoignure de la fosse, et lui fait prendre une attitude particulière en disposant ses bras en croix. On raconte aussi qu'un gamin de 13 ans, Jean François Denise, surnommé plus tard le père Tambour, assiste à la scène. Comme il s'avançe trop près, l'un des conventionnels, par malice, l'aurait alors fait tomber dans la fosse. En 1860, quand la vieille église est démolie, M. Terré, alors maire de la commune, connaissant l'histoire, fait pratiquer des fouilles. Aidé de trois témoins oculaires (dont le père Tambour), des ossements sont retrouvés. Le Docteur Martin, exerçant dans la commune, affirme qu'ils sont ceux de squelettes de sexe différents confirmant ainsi les dires des témoins de l'époque. Ces ossements sont ensuite placés, le 25 juin 1860, dans deux boites en plomb et déposés, dans la nouvelle église, à l'intérieur d'un sarcophage supportant la statue de Catinat que vient d'achever le Comte de Nieuwerkerke. |
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Réalisé par le comte de Nieuwerkerke (1811-1892) à la demande de la princesse Mathilde le momument funéraire actuel est entouré de divers éléments de son premier tombeau. |
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Portrait de la princesse Mathilde par Giuseppe Bezzuoli (Palais Fesch, musée des Beaux-Arts, Ajaccio). Tableau de Giraud, visible en mairie. Peinture de Henri-Lucien Doucet (1856-1895) |
Laetitia-Mathilde-Frédérique-Aloïssia-Elisabeth Bonaparte est née à Trieste (Italie) le 20 mai 1820. Fille de Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie, et de Catherine de Wurtemberg, elle est nièce de Napoléon 1er et cousine germaine de Napoléon III. Très proche de ce dernier, Mathilde espère un temps se marier avec lui. Le 6 août 1840, elle épouse le Prince russe Demidov de Santos. L'union est éphémère et les époux se séparent en 1846. La princesse s'installe alors à Paris où elle y avait rencontré un an plus tôt le comte Emilien de Nieuwerkerke et débuté avec lui une liaison qui durera de nombreuses années. Mathilde s'entoure d'artistes, donne des bals. En 1850, elle a l'intention d'acheter une propriété aux environs de Paris afin d'y passer ses étés. Elle connaît la vallée de Montmorency car sa tante, la reine Hortense, comtesse de Saint-Leu, lui en a déjà souvent parlé. Elle même s'y est aussi arrêtée à plusieurs reprises lors de visites chez Mme de Reiset ou Mme de Courbonne. Les salons de Saint-Gratien accueillent aussi les compositeurs Rossini, Chopin, Gounod, le virtuose Kurtzman, les sculpteurs Carpeaux, Frémiets sans omettre les peintres Delacroix et Giraud. Ce dernier fait au pastel le portrait en pied de sa prestigieuse élève. Ce tableau est aujourd'hui visible dans le hall d'accueil de l'Hôtel de Ville. Le prince Napoléon, neveu de la Princesse, a fit don à la commune en février 1904, peu après la mort de celle-ci. La princesse décéde le 4 janvier 1904 après s'être cassé le col du fémur. Elle est inhumée, selon ses souhaits, dans l'église de Saint-Gratien. La princesse Mathilde a été très généreuse envers notre commune et ses habitants. Nous lui devons la construction de l'église actuelle, celle de l'ancienne école Jules Ferry ainsi que de l'éclairage public. * * * * * Dans la lignée des expositions consacrées aux membres de la famille Bonaparte et leurs rapports avec les arts, le Palais Fesch d’Ajaccio a organisé, du 26 juin 2019 au 30 septembre 2019, une exposition mettant à l’honneur la cousine de Napoléon III, dont la proximité avec le monde des arts et de la littérature a fait l’une des personnalités marquantes de la seconde moitié du XIXe siècle. L’exposition était construite autour de sections relatives à son exil italien, sa propre carrière artistique, ses différentes résidences et surtout les rapports entre ses goûts artistiques et son salon littéraire, revus à la lumière de nouveaux documents. Le dossier de presse est disponible ici au téléchargement. Nous publions dans notre galerie une vingtaine de photos de cette exposition après en avoir reçu l’aimable autorisation du musée. |
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![]() Extrait: La princesse Mathilde souveraine sans couronne par Marise Querlin |
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Portrait d'Adam-Philippe de Custine (1740-1793), général en chef de l'Armée du Rhin en 1792 (par Joseph-Désiré Court) Le marquis de Custine |
Astolphe de Custine naît pendant la révolution française, le 18 mars 1790, au château familial de Niderviller (Lorraine). Issu d'une riche famille aristocratique, il est le petit fils du général Adam Philippe de Custine qui a commandé l'armée du Nord en 1793 et fut guillotiné par les Jacobins le 23 août 1793. Son père subira le même sort le 3 janvier 1794 pour complicité avec les Girondins. Sa mère Delphine, arrêtée elle aussi pendant la révolution, est libérée après 5 ans d'emprisonnement. Astolphe est très tôt attiré par la littérature. Il est influencé par Chateaubriand. Sur l'insistance de sa mère, il se marie en 1821 avec Léontine de Saint-Simon Courtemer. Celle-ci meurt en 1823 alors que leur fils, Enguerrand, n'a que 13 mois. Il succombera 4 ans plus tard à la suite d'une méningite. Le destin s'acharne sur Astolphe; sa mère décède à son tour en 1827. Désireux de changer le décor de sa vie, il vend le domaine familial de Fervaques (Calvados) en 1728 et ne garde que la chapelle de Saint-Aubin d'Auquainville dans laquelle est entérrée sa mère. Il achète une maison à Paris et une autre, moitié villa, moitié château, à la campagne, à Saint-Gratien. Auteur de romans et de pièces de théâtre, son seul vrai succès littéraire est La Russie en 1839, écrit au retour de l'un de ses nombreux voyages. Il s'agit d'une réflexion lucide d'un aristocrate libéral et moraliste. Personnage hors norme, il se tient à l'écart des milieux aristocratiques et mondains, préférant le monde des arts et des lettres. Homosexuel, il est le premier membre de la haute société française à vivre ouvertement avec un autre homme. Marié pendant une courte période, il maintient les apparences d'une vie de couple normale alors que son ami Edward Sainte-Barbe (1794-1858) loge déjà chez lui. A compter du décès de sa femme, ce dernier partagera la vie d'Astolphe pendant 35 ans, jusqu'à sa mort, avant d'hériter de sa fortune. Entre 1832 et 1857, la réputation de mécène du marquis fait défiler chez lui le Tout-Paris artistique : peintres, musiciens et surtout écrivains. Après avoir fréquenté les réceptions fastueuses de l'hôtel de la rue de la Roche Foucault, Stendhal, Honoré de Balzac, Chopin, Georges Sand, Victor Hugo, Heine et Barbey d'Aurevilly le rejoignent maintenant lors de soirées plus intimes au château de Saint-Gratien. Il décède le 25 septembre 1857 à Saint-Gratien. Il est ensuite entérré, auprès de sa mère, dans la chapelle de Saint-Aubin. Alors que les habitants du village proclament à l'envi les vertus de Catinat, il n'en est pas de même pour le marquis et ses héritiers : Notre plume se refuse à décrire les moeurs de ces tristes personnages écrira M. Mignon, instituteur au XIXe siècle. A l'époque où l'instituteur écrit ces lignes, l'homosexualité est encore un sujet tabou. Elle explique peut-être le peu d'interet apporté au personnage au contrario du maréchal de Catinat et de la princesse Mathilde. |
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Extrait d'un plan de la commune de Saint-Gratien datant du XIXe siècle (source Bibliothèque Nationale de France). On y voit le canal creusé par Astolphe de Custine en décembre 1840. Le château dont on croyait avoir perdu l'emplacement exact semble très proche du centre du village de l'époque. Regardez ci-dessous la vidéo "Astolphe de Custine à Saint-Gratien". |
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Eugène Giraud (source photographique: Art Renewal Center) |
Le peintre graveur Pierre François Eugène Giraud nait à Paris le 9 août 1806. Avec son frère, Charles (1819-1892) ils sont les artistes attitrés de la princesse Mathilde et ses maîtres en peinture. Vivant à une époque de fastes somptueux, Eugène Giraud fréquente Gros, Delacroix, Gérard, Ingres, Lucien Doucet, Claudius et Gustave Popelin, Hébert, tous de tempérament différent. En 1826, il reçoit le prix de Rome. Il est, avec Nieuwerkerke et Popelin, le grand ami de la Princesse Mathilde. Fréquentant ses salons par l'intermédiaire de Delacroix, il y rencontrera Chopin, Georges Sand et Jules Janin. Il connaît aussi le marquis de Custine. La princesse Mathilde lui fait construire une chaumière avenue Mathilde. Il aime y recevoir ses nombreux amis. Alfred de Musset y passe plusieurs étés. En 1861, le peintre exécute un portrait de la princesse qui est visible au musée national du château de Compiègne. Après la défaite de 1870, Eugène Giraud tombe malade mais retourne toujours à Saint Gratien. Il est meurt à Paris en 1881. Un grand tableau représentant le portrait en pied de la princesse est visible dans le hall d'accueil de la Mairie de Saint Gratien. C'est le prince Napoléon, neveu de la Princesse, qui en fit don à la commune, en février 1904, peu après la mort de celle-ci. Joachim Kuhn nous raconte l'histoire de ce pastel : La princesse avait manifesté le désir d'être peinte par Giraud comme la Pompadour l'avait été par Latour, c'est à dire au pastel, en pied et grandeur naturelle. Giraud affirma qu'on ne trouverait pas dans tout Paris une feuille de papier suffisamment grande. Elle s'adresse à Londres et un beau matin, arriva une feuille de deux mètres de haut sur un mètre et demi de large. Lorsqu'il allégua qu'on ne pourrait jamais se procurer de verre des dimensions du papier, elle fit venir un vitrier qui s'engagea à fournir la glace désirée, et quand il objecta qu'il n'était pas à l'aise pour travailler dans l'atelier de la Princesse, ajoutant que seule l'écurie était assez grande pour l'exécution de ce travail, mais qu'il ne pouvait guère peindre la princesse à l'écurie, Mathilde fit débarrasser ce bâtiment séance tenante ; elle le rendit habitable en y faisant apporter des sofas, des fauteuils, des livres et un piano à queue et dans ces conditions. Giraud fut bien forcé de se rendre. |
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Portrait de la princesse Mathilde par Eugène Giraud (Musée national du château de Compiègne) |