Aimons Saint-Gratien en val d'oise

Les personnages

Tableau de Giraud, visible en mairie.
Peinture de Henri-Lucien Doucet (1856-1895)

Princesse Mathilde Bonaparte

Laetitia-Mathilde-Frédérique-Aloïssia-Elisabeth Bonaparte est née à Trieste (Italie) le 20 mai 1820. Fille de Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie, et de Catherine de Wurtemberg, elle est nièce de Napoléon 1er et cousine germaine de Napoléon III. Très proche de ce dernier, Mathilde espère un temps se marier avec lui.

Le 6 août 1840, elle épouse le Prince russe Demidov de Santos. L’union est éphémère et les époux se séparent en 1846. La princesse s’installe alors à Paris où elle y avait rencontré un an plus tôt le comte Emilien de Nieuwerkerke et débuté avec lui une liaison qui durera de nombreuses années.
En décembre 1848, Louis-Napoléon est élu président de la République. Il est cilibataire. La princesse Mathilde devient de fait la première dame de l’Élysée. Son père est nommé gouverneur des Invalides.

Mathilde s’entoure d’artistes, donne des bals. En 1850, elle a l’intention d’acheter une propriété aux environs de Paris afin d’y passer ses étés. Elle connaît la vallée de Montmorency car sa tante, la reine Hortense, comtesse de Saint-Leu, lui en a déjà  souvent parlé. Elle même s’y est aussi arrêtée à plusieurs reprises lors de visites chez Mme de Reiset ou Mme de Courbonne.
La Princesse arrive définitivement à Saint Gratien en 1851. Elle loue l’ancien château du maréchlal de Catinat, puis achète le château neuf construit par le comte de Luçay. Pendant de nombreuses années, elle y reçoit les écrivains et  les artistes les plus célèbres de l’époque dont les Dumas père et fils, Prosper Mérimée, Sainte-Beuve et Georges Sand. Elle engage Théophile Gautier comme bibliothécaire afin de lui assurer une existence décente. Jules et Edmond de Goncourt viennent aussi souvent à Saint Gratien. De leurs séjours, ils ont laissé un journal riche en anecdotes et en descriptions. L’apogée des rencontres de Saint-Gratien se situe entre 1860 et 1870. Gustave Flaubert réserve à la princesse la primeur de l’Education sentimentale.

Les salons de Saint-Gratien accueillent aussi les compositeurs Rossini, Chopin, Gounod, le virtuose Kurtzman, les sculpteurs Carpeaux, Frémiets sans omettre les peintres Delacroix et Giraud. Ce dernier fait au pastel le portrait en pied de sa prestigieuse élève. Ce tableau est aujourd’hui visible dans le hall d’accueil de l’Hôtel de Ville. Le prince Napoléon, neveu de la Princesse, a fit don à la commune en février 1904, peu après la mort de celle-ci.
En 1869, Mathilde rompt avec le comte de Nieuwerkerke et se rapproche du peintre-émailleur Claudius Popelin (1825-1892). Le 4 septembre 1870, la République est proclamée ; la princesse s’exile en Belgique, et ne revient en France qu’en juin 1871. De 1880 à 1890 elle continue de s’entourer d’artistes et d’écrivains. Peu à peu une nouvelle génération prend la place de l’ancienne. On croise Guy de Maupassant, Victorien Sardou et François Coppée. En 1893, elle organise une exposition des oeuvres de Claudius Popelin, mort l’année précédente. Pierre Loti est l’un de ses derniers visiteurs en 1903.

La princesse décéde le 4 janvier 1904 après s’être cassé le col du fémur. Elle est inhumée, selon ses souhaits, dans l’église de Saint-Gratien.

La princesse Mathilde a été très généreuse envers notre commune et ses habitants. Nous lui devons la construction de l’église actuelle, celle de l’ancienne école Jules Ferry ainsi que de l’éclairage public.

Dans la lignée des expositions consacrées aux membres de la famille Bonaparte et leurs rapports avec les arts, le Palais Fesch d’Ajaccio a organisé, du 26 juin 2019 au 30 septembre 2019, une exposition mettant à l’honneur la cousine de Napoléon III, dont la proximité avec le monde des arts et de la littérature a fait l’une des personnalités marquantes de la seconde moitié du XIXe siècle. L’exposition était construite autour de sections relatives à son exil italien, sa propre carrière artistique, ses différentes résidences et surtout les rapports entre ses goûts artistiques et son salon littéraire, revus à la lumière de nouveaux documents. Le dossier de presse est téléchargeable ici.

Nous publions dans notre galerie une vingtaine de photos de cette exposition après en avoir reçu l’aimable autorisation du musée.

Portrait de la princesse Mathilde par Giuseppe Bezzuoli (Palais Fesch, musée des Beaux-Arts, Ajaccio).