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Dans la chapelle du Sacré Cœur se trouvent, scellés au mur, deux plaques de marbre noir, vestiges des premiers tombeaux de Marie-Renée Catinat et du maréchal Nicolas de Catinat. Elles furent mutilées lors de la révolution, en 1793 alors que les restes des défunts étaient abandonnés là après que leurs cercueils en plomb aient été récupérés pour faire des balles. En hauteur, une table de marbre blanc, appartenant au monument funéraire du maréchal est également visible. Tous ces éléments étaient alors dans la chapelle de saint Jacques le Majeur de l'ancienne église. M. Mignon, instituteur, raconte dans sa monographie de Saint-Gratien en 1899 l'épisode révolutionnaire, mais aussi comment les restes du maréchal et de sa petite nièce furent retrouvés grâce à un témoin de la scène : Lors de la Révolution de 1789 en 1793 les deux cercueils de plomb de Nicolas Catinat et de sa nièce Marie-Renée (inhumés dans l'église de Saint-Gratien) furent ouverts et retournés. On emporta le plomb dont on se servit pour faire des balles. Les ossements furent rejetés dans la fosse ouverte. Mais un admirateur du Maréchal, par respect pour le grand homme, plaça le squelette dans une encoignure de la fosse et lui fit prendre une attitude particulière, en disposant les bras en croix. Un gamin de 13 ans, un nommé Denise, surnommé plus tard le Père Tambour, assistait à cette violation de sépulture et comme il s'avançait trop près du tombeau, un des conventionnels, par malice, le fit tomber dans la fosse. Grande fut sa frayeur en présence du squelette ainsi placé. En 1860, quand on démolit la vieille église après avoir édifié celle qui existe aujourd'hui, M. Terré, Maire, fit pratiquer des fouilles et grâce au Père Tambour on retrouva le squelette comme il l'avait vu en 1793. Le Maréchal de Catinat est inhumé dans la nouvelle église.
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Le marbre de droite recouvrait la tombe du maréchal sur lequel est gravée l’épitaphe suivante:
D.O.M. Ci-gît Très haut et puissant seigneur Messire Nicolas de Catinat, Maréchal de France, général des Armées du roi, ci-devant gouverneur Des villes citadelle et pays de Luxembourg ; lequel, après avoir Dignement rempli, pendant cin- Quante-deux années qu’il a servi, Les grands emplois dont il a été Honoré par sa majesté et a été Obligé, par ses infirmités, de se Retirer à son château de Saint- Gratien, où il est décédé, et a été Inhumé, le 22 février 1712, Agé de 74 ans et 2 mois. Requiescat in pace
Les trois lettres D.O.M. signifiant Deo Optimo Maximo signifiant « à Dieu très bon, très grand ».
Sur cette plaque, un seul mot a été gratté : celui de roi.
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Le marbre de gauche recouvrait la tombe de Marie-Renée de Catinat, petite nièce du maréchal. L'épitaphe est plus martelée que la précédente. Il est gravé:
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L'élément central, en hauteur, au-dessus du sarcophage, est un vestige du mausolée élevé dans l'ancienne église par le sculpteur Simon Hurtrelle (1648-1724).
L'épitaphe qu'il est peut-être aujourd'hui difficile de déchiffrer avait été composée par le père Noël-Etienne Sanadon (1676-1733) :
S. Hurtrel fecit.
En voici la traduction française proposée dans le tome III des Mémoires et Correspondance du Maréchal de Catinat par Bernard Le Bouyer de Saint-Gervais (septembre 1819):
S. Hurtrel l'a fait.
Selon le livre Nouvelle Description des Environs de Paris par Jacques Antoine Dulaure (seconde édition – 1787), les deux tombes étaient placées dans une chapelle, à gauche du chœur. Au dessus d'un sarcophage de marbre noir se trouvaient représentées les figures de la religion et d'un génie. La religion tenait un médaillon, sur lequel était sculpté, en bas-relief, le buste de Catinat. Les ornements étaient en bronze. Plus bas, sur une table de marbre blanc, accompagné de deux génies en pleurs, était gravé l'épitaphe à la louange du Maréchal. Comme nous l'avons dit plus haut, les pierres furent mutilées à la révolution, la bière en plomb fut envoyée à la fonte, et les ossements jetés dans la fosse. Ils n'en furent exhumés que bien plus tard pour être déposés dans l'actuel sarcophage (le 25 juin 1860). |
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L’ancienne église ayant été démolie et les ossements du maréchal et de sa nièce ayant été retrouvés, le comte Alfred Emilien de Nieuwerkerke (1811-1892) sculpta à la demande de la princesse le sarcophage actuel afin qu’il puisse les recevoir. Une petite plaque de marbre noir disposée sous la dalle funéraire de Marie-Renée de Catinat indique que les « restes mortris ont été réunis » le 25 juin 1860. L’inauguration du monument eut lieu le 6 septembre 1860 (source Le comte de Nieuwerkerke - Art et pouvoir sous Napoléon III). En marbre du XIXème siècle, la statue fut classée le 16 juin 1911. Elle surplombe le sarcophage en marbre du XVIIIème siècle, classé le 12 août 1902. |
Le monument s’étant dégradé au fil du temps suite à d’importants problèmes d’infiltration, la municipalité fit appel, en 2011, à Barbara Donné-Donati et à son mari, Philippe Donné, tous deux spécialistes de la restauration de sculptures, pour le restaurer. Interrogée pour la revue municipale, la restauratrice explique: « Dans un premier temps, il a fallu dessaler la pierre. Ensuite, moment très spectaculaire, nous avons mis la sculpture sous une bulle de protection étanche pour projeter un produit qui lui redonne sa couleur. Il s’agit du micro-sablage (comme chez le dentiste pour le détartrage, mais sans eau!). Enfin, dernière phase, nous avons procédé au ragréage, qui consiste à poser un enduit de finition. » |
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Le sarcophage, avant et après (à droite) restauration. |
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